Les mots qui suivent ont été écrits au lendemain de la disparition de Jean Pinson, par Bernard Candela, alors Vice-Président de l’association.

“Jean Pinson, un grand astronome amateur.”

Le Club Antarès a perdu ce 27 février 1986 son président. La nouvelle nous a tous frappés de stupeur et nous laisse avec une émotion que seuls comprendront ceux qui connaissaient et collaboraient avec cet homme sans qui le Club Antarès et tout ce qui s’y rattache n’aurait jamais pu exister.

Ce Club, dont la création remonte à 1958, voit le jour lorsque ce jeune professeur de Mathématiques décide de créer à l’intérieur de son lycée un groupement d’astronomes amateurs. Ce groupement initialement cantonné dans un lycée se développe si bien qu’en 1964 il prend le statut d’Association et qu’avec l’aide de la municipalité de La Seyne-sur-mer, il entreprend la construction de l’observatoire qui donne enfin des locaux adaptés aux besoins des amateurs. Cet observatoire, c’est sa raison de vivre, il y consacre la totalité de ses loisirs et bien davantage. On le retrouve souvent le soir après son travail, occupé à mettre au point les instruments qui nous permettent d’observer. Durant toutes ces années il ne cessera d’améliorer cet observatoire pour en faire ce qu’il est aujourd’hui.

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Ses qualités d’astronome amateur l’avaient fait passer dans le rang des semi-professionnels. Il suffit de voir les demandes de travaux émanant des observatoires professionnels les plus réputés au niveau international pour réaliser la place que tient notre observatoire grâce à lui. Il était engagé dans un programme de mesure d’étoiles doubles écartées, travail qui lui avait été confié par l’Observatoire Royal de Belqique dans le cadre de la préparation du programme du satellite Hipparcos, ainsi que dans un programme d’astrométrie sur les astéroïdes.

Ses qualités de gestionnaire étaient grandes aussi, car gérer un organisme de cette importance et le faire évoluer comme il ‘a fait, n’est pas du ressort du premier venu.

Ses qualités pédagogiques étaient immenses. Il est difficile de dire combien de personnes ont été séduites lors d’un premier contact avec l’Astronomie simplement au contact de ses explications qui avaient le don de rendre clair et immédiat à l’esprit les problèmes les plus compliqués.

Nous avons toujours admiré ses qualités manuelles et surtout son talent d’opticien: la totalité des miroirs optiques qui équipent nos télescope ont été réalisés par lui et leur qualité optique est irréprochable. Récemment, il venait de terminer le miroir du télescope de Schmidt et il s’apprêtait à tailler la lame optique de ce même télescope. Il avait conçu une méthode personnelle pour la taille de cette lame, et nul doute qu’il y serait arrivé si le destin cruel n’en avait décidé autrement. Ce télescope, c’était l’aboutissement d’un vieux rêve de jeunesse puisque la taille du miroir avait commencé au début des années 60, puis longtemps interrompue, elle s’était achevée en 1985. Il comptait en profiter pleinement durant sa retraite prochaine.

Les difficultés techniques ne lui faisaient pas peur. Comme il le disait souvent, dans une association, c’est grâce au regroupement des spécialités de chacun que l’on arrive à réaliser des ouvrages qui sont impossibles pour un individu isolé. Le meilleur exemple est cet appareil à mesurer nos plaques photographiques qu’il a su reproduire et modifier d’après des plans existants et qu’il a mis de longues heures à mettre au point. Nous pouvons à présent grâce à cela effectuer des mesures d’une qualité professionnelle.

Ses qualités d’observateur visuel: témoins ces carnets d’observation de galaxies où patiemment il a tracé le champ des étoiles qu’il voyait au télescope.

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Jean Pinson était un homme de grande modestie. Lorsque, l’an dernier, la municipalité seynoise avait décidé de lui attribuer le Napoléon d’Or en reconnaissance de son travail et de son oeuvre depuis tant d’années, il n’avait accepté de le recevoir qu’à la seule condition que celui-ci soit attribué au nom du Club Antarès et non au sien. Et pourtant, le Club Antarès, c’était bien lui…     

Bernard Candella, Vice-Président, 1986

Photos: Jean Pinson dans « son » atelier d’optique, ici travaillant sur le miroir de 420mm.

Réunion hebdomadaire:

Hommages dans la presse locale: